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    Ta curiosité est mienne.

     

    Il était collé contre sa poitrine tandis qu’elle passait le portail de ce lycée médiocre. Il ne l’était pas tant que ça. Mais Annah ne l’avouerait jamais. Car elle ne l’aimait pas. Alors peu lui importait qu’il possède une collection d’appareils électroniques de tous genres confondus plus modernes que les autres lycées de la ville – voir de la région, si elle voulait être honnête. Et peu lui importait également que le self où, en vérité, elle n'avait mangé que les deux premières semaines de l’année, se procurait les meilleurs dans le domaine de la cuisine. Elle s’en fichait. Non, la seule chose qui pourrait réellement faire pencher la balance était la bibliothèque, qui était bien plus riche et entretenue que toutes celles qu'elle avait connu jusqu'alors. C’était d’ailleurs bien à ce lieu précis qu’elle se rendait.

    Cet endroit qu’elle préférait très vieux, comme dans les films. Mais qu’elle aimait quand même, malgré sa modernité.

    L’air hivernal lui brûlait la trachée et lui grignotait davantage ses lèvres déjà entamées par les gerçures que tentait de cacher son fidèle tube réhydratant. Les branches nues des arbres dans l’espace à l’air libre du lycée se balançaient à cause du vent violent qui malmenait également ses cheveux blonds pâles et trop fins. Elle plissait les yeux et gardait la tête penchée en avant pour se protéger des courants d’airs comme elle le pouvait. 

    Quand elle passa la porte d’entrée du bâtiment qui menait à la bibliothèque – l’endroit où elle passait tout son temps libre. La chaleur superficielle du couloir la frappa de plein fouet ; lui procurant ce que son corps s’efforçait de retrouver à l’aide des gros frissons qui lui démangeaient le dos et de la chair de poule qui lui chatouillait les bras. Elle fut partagée entre le bien être que son corps ne pouvait refouler et ce mal-être que sa tête ne pouvait s’empêcher de lui ressentir. Comme elle attendait avec impatience le soir.

    Quelqu’un la bouscula.

    Un son aigu entama la barrière qui verrouillait ses lèvres. 

    Il fallait qu’elle rattrape le livre.


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